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Notre beau JS nous a quittés

Par Carl Bessette
Publié le 19 décembre 2024

 

​J'aurais voulu n'avoir jamais à écrire ça.

Tu as été incinéré hier matin. Ça rend ça tellement vrai. Mais je n'arrive pas à y croire. Je suis encore dans le déni, on dirait ben. J'ai sans arrêt l'impression de te voir. Chaque personne que je croise avec un hoodie sur la tête ou une tuque, je crois que c'est toi. Je te vois partout. Dans le vol des oiseaux, dans le mouvement des branches dans le vent.

Le deuil est puissant. J'ai peu d'appétit. Je suis vidé de mon énergie en fin d'après-midi. J'ai des chansons qu'on écoutait ensemble qui jouent à plein volume dans ma tête, ça m'assourdit.

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Je sais pas quoi te dire, mon vieux, que je t'ai pas déjà dit. Si la vie continue après la mort, t'es mieux d'être le premier à venir me voir, mon ostie. Je pouvais pas t'r'coudre, man. Mais j'ai essayé à chaque semaine pendant quinze ans. C'était mon rêve: être celui qui a redonné le goût de vivre à Jean-Sébastien Larouche. C'est la première fois que je me sens regardé de l'au-delà; t'es là, je le sais. Tu dois rire: «C'était ça, après!» J'espère que la paix t'a enfin trouvé. Vickie a dû te faire faire le tour de la propriétaire. Vous devez tellement jaser. Deux vieilles pies. On a tellement pleuré; tu étais tellement sensible, la seule personne que je connaisse aussi sensible que moi. The stars, they got nothing on us... Je ne peux pas croire qu'on n'écoutera, qu'on ne se fera plus écouter de la musique ensemble, en pleurant. On aimait juste vivre des émotions, simplement. T'aimais juste pas vivre; trop d'injustices, trop de parents violents, trop de politiciens pas à la hauteur, trop de travailleurs pas passionnés, pas soucieux de la qualité. Ton ostie de baby face trop belle. La vie te faisait mal parce que tu l'aimais trop. Si tu pouvais aider quelqu'un, ce n'était pas un choix pour toi: tu le faisais aussitôt. C'est un gros poids à porter, ça, mon ami. Quand la force te manquait, ça te rongeait de l'intérieur. Mon J! Je sais pas quoi te dire. Il va falloir être deux fois meilleurs. C'est ça que tu me dis. Faites votre affaire. Do your thing. C'est ça que tu me dis. Mais non. Tu ne dis plus rien. Mais on a tellement dansé que les molécules bougent encore autour de moi et vont m'habiter pour toujours. 'Cause the stars are dull when they're compared to you and I/ And if people don't like it, then they can close their eyes/ 'Cause we're not the same/ And we don't have to try/ 'Cause we're brighter than fireflies/ We're gonna light the sky/ Tes yeux voyaient tout, mon doux. On les a, maintenant. Toi, le mentor. Toi, le papa. Mon gars, j'espère avoir vieilli pour te rendre fier. Maudit qu'on voulait te rendre fier! Tant que t'étais fier de nous, on pouvait tout faire. C'est dingue, parce que tout le monde se souvient de toi pour tes «fuck you», mais je t'ai jamais entendu dire une chose méchante sur qui que ce soit. T'étais l'être humain le plus bon que j'ai jamais connu. J'espère que tu sais qu'on le savait. On t'a eu longtemps. JS, le monde crie, le monde est pas sûr. Mais je viens de voir une fleur à épines avec des pantalons carreautés rouge et noir pis son portefeuille au bout d'une chaîne. On va rester punk. Pour toi. Mon tabarnac. Rester vrais, trouver les gens beaux, comme juste toi savais le faire, savais t'en inspirer. Je pense que ce qui est le plus dur, c'est que je suis encore là pour toi. Fait que je suis là pour qui? On est là pour tout le monde. Chaque chose inspirante dont tu as pu parler vaut son pesant d'or. Toi qui aimais tous les arts. Voir qu'il y a deux semaines, tu me sortais au Théâtre Maisonneuve pour BLKDOG, un show de danse contemporaine, une discipline qui nous enchantait. On a passé la nuit à reproduire les gestes des danseurs et danseuses. T'étais tellement heureux. T'étais un vrai. Artiste. Créateur. Vivant. Humain. T'es où? Le monde est dépeuplé. Mais il y a tes pas. Je te vois partout et les étoiles sont noires. Mais tu sais quoi? Non. On va vivre. T'as toffé assez longtemps pour nous donner des siècles. Pars en paix. Pars en poésie. On t'a pas perdu. On t'a gagné toutes ces années. Merci mon ami. Je t'aime. Tu le sais. T'es encore là.

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Le toune qui me hurle le plus dans la tête, le beau Ren qu'on a tant aimé aimer, mon fucker. Chalk Outlines, les silhouettes de craie.

Qui va me faire découvrir du nouveau stock à chaque semaine, des nouveaux artistes, maintenant que tu n'es plus là?

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Et la toune que personne, mais personne peut deviner qu'on en était fous tous les deux et qu'on y revenait tout le temps. De tout ce qu'on a écouté en dix ans de travail acharné, Avec pas d’casque, Hank Williams III, Amy Winehouse, Ana Tijoux, le spoken word rock de Listeners, et Goran Bregović, et Du plaisir et des bombes de Keith Kouna, et Sleaford Mods et tous tes coups de cœur country et de musique appalachienne, toujours, toujours au son de la musique ensemble, mais qui aurait cru que ça aurait été ça, notre toune ? Yep. La compilation que je t'ai faite des quatre passages de Grace VanderWaal à America's Got Talent, l'année où elle a gagné la compétition. Lol

You think that you know my heart
And you probably do
That's why I'm always with you
I could stay with you for hours
In an empty room
And never get bored
Never have nothing to do
You're my other half
What makes me me
What makes me smile
When I fall down and can't get back, get back, get back up
On my a-feet

You're a beautiful thing


We're a beautiful thing together
Even when the weather is low
We find the rainbow
Up in the sky
You'd say, "Don't you cry, it's all gonna be alright"

We make hours turn into seconds together
The weight of the world feel like a feather
'Cause we're holding it right in our hands

And that's a beautiful thing

Haha, ouin, ça aura été ça, l'audio officiel de notre vie ensemble­.

Je pensais déjà à toi à tous les jours. Je m'inquiétais, tsé.

Je pense encore plus à toi maintenant.

c.

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Je t'en fais jouer une dernière,

   qui te rappelait la job...

(

Copyright © 2024 Carl Bessette

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