top of page


SAGESSE DE DUNE


Entoure-toi de Donneurs,
Soyez une force qui donne.

 

// Voici une sélection de mes citations préférées ou bien de citations qui donnent à réfléchir, tirées des six livres du Cycle de Dune de l’écrivain Frank Herbert, dans les traductions françaises de Michel Demuth et de Guy Abadia, publiées chez Pocket, collection de l’éditeur Robert Laffont.


LE CYCLE DE DUNE

La Révérende Mère : (La femme ancienne, dans le silence, avait abaissé son regard sur Paul.) « Grave cela dans ta mémoire, mon garçon : il y a quatre choses pour supporter un monde. (Elle avait levé quatre doigts noueux.) La connaissance du sage, la justice du grand, les prières du pieux et le courage du brave. Mais tout cela n’est rien sans… (Elle avait refermé tous ses doigts en un poing.) … sans celui qui gouverne et connaît l’art de gouverner. Que cela soit ta science! »

« Il n’est probablement pas de révélation plus terrible que l’instant où vous découvrez que votre père est un homme… fait de chair. »
- Extrait de Les Dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

Jessica : Pourtant, il sait à quel point il est important que nous commencions à mêler nos officiers et nos hommes avec les notabilités. Nous sommes en quelque sorte un père et une mère qui les dominons tous. Rien n’impressionne plus que cette forme de brassage social.

Une Révérende Mère enseignante : « Il convient de noter une chose à propos des écoles d’espionnage et de contre-espionnage : la similitude des réactions de base de tous ceux qui les ont fréquentées. Toute discipline fermée laisse son empreinte, son sceau sur ceux qui l’étudient. Et ceci rend possibles l’analyse et la prévision.
« En fait, les schémas de motivations tendent à devenir identiques pour tous les espions. Ceci revient à dire que certains types de motivations sont similaires même si les écoles et les buts sont différents. Vous étudierez dans un premier temps la façon d’isoler cet élément aux fins d’analyse. Tout d’abord, par les schémas d’interrogation qui révèlent l’orientation interne des interrogateurs, puis par l’examen attentif de l’orientation langage-pensée de ceux que vous analyserez. Vous découvrirez alors qu’il est très simple de déterminer les racines des langages de vos sujets, par l’inflexion de leur voix et leur schéma d’expression. »


Arrakis enseigne l’attitude du couteau : couper ce qui est incomplet et dire «Maintenant c’est complet, car cela s’achève ici».
- Extrait de Les Dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

Jessica : Ce monde m’a vidée de tout hormis du plus ancien des buts, la vie de demain.

Le véritable bonheur, c’était cela. La possibilité de s’arrêter, ne serait-ce que pour un moment.

« La plus haute fonction de l’écologie est la compréhension des conséquences. »

Paul fut sur le point de répliquer, hésita et se souvint des leçons de sa mère : « Les débuts sont des moments délicats. »

Ce qu’il voyait l’incitait à se figer en une immobilité totale, mais ceci, également, était une action avec ses conséquences.

Le concept de progrès agit comme un mécanisme de protection destiné à nous isoler des terreurs de l’avenir.
- Extrait de Les Dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

Le Comte : « L’humanité n’a qu’une science. C’est la science du mécontentement. »

Est terrifiant ce qui rend un humain surhumain.

Et je dis : « Regardez! Je n’ai pas de mains! » Mais les gens autour de moi demandèrent : « Que sont des mains? »

Leto : « Donne aussi peu d’ordres que possible. Dès que tu auras donné des ordres sur un sujet, tu devras sans cesse donner des ordres sur ce point. »

Paul songea : Je ne peux faire la plus simple des choses sans que cela devienne une légende. Ils auront noté la façon dont j’ai quitté Chani, dont j’ai accueilli Stilgar… tout ce que je fais aujourd’hui. Que je meure ou que je vive, cela sera une légende. Il ne faut pas que je meure. Car la légende resterait, seule…

Paul : « Ce sont ceux qui peuvent détruire une chose qui la contrôlent vraiment. »

Un Fremen : « Les tâches difficiles exigent des moyens difficiles. »

Gurney : « … la liberté, la vie et l’honneur… Et aussi l’amitié, une chose qui passe avant toute autre. »

Il éprouvait la sagesse d’un vieil homme, faite de l’accumulation d’expériences innombrables, dans des vies possibles innombrables. Tout au fond de lui, quelqu’un semblait rire en se frottant les mains.
Et il pensa : L’univers sait bien peu de chose de la véritable cruauté!

Le Baron : « La sécurité doit tenir compte de l’erreur. »

Gurney : « Et la victoire en ce jour se changea en deuil pour tout le peuple, car le peuple sut ce jour que le roi pleurait son fils. »

Paul : J’ai vu un ami se changer en adorateur, songea-t-il. Il éprouva tout à coup une impression de profonde solitude. Muad’Dib de qui vient toute bénédiction, pensa-t-il, et c’était bien la pensée la plus amère de sa vie.

Commentaires de la Bible Catholique Orange : « La véritable religion doit enseigner que la vie est pleine de joies plaisantes à l’oeil de Dieu, que la connaissance sans action est vide. Tous les hommes doivent comprendre que l’enseignement de la religion par des règles est une duperie. Le seule enseignement qui soit valable est celui que l’on accepte dans le plaisir. Il est impossible de ne pas le reconnaître car il éveille en vous la certitude d’avoir toujours su ce qu’il vous enseigne. »

Bible Catholique Orange : « Qu’une pensée soit ou non exprimée, elle demeure une chose réelle et elle en a les pouvoirs. »

La nature compense, repousse ou absorbe.

Scytale, Tleilaxu : « L’énergie est le seul véritable solide. Et l’énergie apprend. Écoutez-moi bien, Princesse : l’énergie apprend. C’est ce que nous appelons puissance. »

Edric : « Chaque question peut se résumer en celle-ci : Pourquoi y a-t-il quelque chose? Chaque question religieuse, gouvernementale ou financière se résume ainsi : Qui exercera le pouvoir? »

Scytale : « Pour transformer l’envie en inimitié, il suffit de la plus infime des suggestions, du plus léger glissement d’émotion. »

Scytale : « La croyance peut être manipulée. Seul le savoir est dangereux. »

Mais n’était-ce pas le destin inéluctable du pouvoir que d’être assiégé?

La fragmentation, destinée naturelle de tout pouvoir.

Paul : « Les Constitutions sont l’aboutissement ultime de toutes les tyrannies. »

paroles de Scytale : Une créature qui s’est développée d’une certaine façon choisira de mourir plutôt que de se transformer en son antithèse.

… un type particulier de fonctionnaires civils religieux… Leurs dieux était la Routine et les Archives. À leur service, ils avaient des Mentats et de prodigieux systèmes de classement. Efficacité était le premier terme de leur catéchisme mais ils invoquaient bien sûr les préceptes des Butlériens. Les machines, disaient-ils, ne pouvaient être conçues à la ressemblance de l’esprit humain, mais chacun de leurs actes révélait qu’ils préféraient de loin les machines aux hommes, les statistiques aux individus, les vues générales et abstraites à l’approche personnelle par l’imagination et l’initiative.

L’odeur fétide d’un distillateur de récupération flottait dans l’air. Les conduits devaient être mal isolés et une part importante d’humidité gaspillée dans la nuit. Ces gens étaient devenus bien négligents, se dit Paul. Riches d’eau, ils avaient oublié les jours anciens d’Arrakis où l’on tuait un homme ne serait-ce que pour un huitième de l’eau de son corps.

L’éternité se transforme. Elle subit l’influence de l’oracle comme celle des suppliants. Que les fidèles de Muad’Dib doutent de sa majesté ou de ses pouvoirs. Qu’ils nient ses visions. Que jamais ils ne doutent de l’Éternité.

Alia à Duncan : « Mais tu es loyal… Et la loyauté est une denrée de valeur. On peut la vendre… mais pas l’acheter. »

Il existe une limite à la force que les plus puissants eux-mêmes ne sauraient atteindre sans se détruire. L’art véritable de tout gouvernement est d’évaluer cette limite. Le mauvais usage du pouvoir constitue le péché fatal. La loi ne peut être un outil de vengeance, pas plus qu’un otage ou une barrière contre les martyrs qu’elle a pu créer. On ne peut menacer un individu et se soustraire aux conséquences.
- Muad’Dib et la Loi, extrait des Commentaires de Stilgar.

Duncan : « Ne luttez pas contre ce qui arrive. Lutter est se préparer à l’échec. Ne vous laissez pas prendre au piège par le désir de réussir. Ainsi, vous réussirez tout. »

Et le dernier acte de Paul, son acceptation des coutumes, lui avait assuré définitivement la loyauté des Fremen, à lui et à la maison des Atréides. Pour l’éternité, il était l’un deux.

« Parmi les responsabilités du gouvernement, il y a le devoir de punir… mais seulement quand la victime l’exige. »

Le Fremen se doit de retrouver sa foi ancienne, son ancien génie de former des communautés humaines. Il doit retrouver son passé et cette leçon de survie qu’il a apprise en luttant pour Arrakis. Le seul souci d’un Fremen devrait être d’ouvrir son âme aux enseignements intérieurs. Il n’y a nul message pour lui qui puisse venir des mondes de l’Imperium, du Landsraad, de la CHOM. Ceux-là ne sauraient que lui dérober son âme.
- Le Prêcheur en Arrakeen.

L’équilibre, c’est ce qui distingue un peuple d’une foule.

Sans corruption d’aucune sorte, investi d’honneur sans faille, un homme doit accorder ses faits et ses paroles.

Donnez le nom complet, le titre intégral, veillez au moindre détail.

Leto II : « L’existence, sa joie, sa beauté sont contenues dans le fait que la vie peut vous surprendre. »

« Les gouvernements s’érigent et s’effondrent pour des raisons qui semblent insignifiantes, Prince. Des évènements si mineurs! Une dispute entre deux femmes… La direction du vent un certain jour… un éternuement, une toux, la longueur d’une parure ou la rencontre improbable d’un grain de sable et de l’oeil d’un courtisan. Ce ne sont pas toujours les soucis majeurs des ministres impériaux qui dessinent le cours de l’histoire, pas plus que ce ne sont les gestes des pontifes qui dirigent les mains de dieu. Pour réussir, il vous faut ramener votre stratégie à son point d’application. Où applique-t-on une stratégie? À un lieu particulier, à des personnes particulières. »

Et il eut la vision d’une armure. Elle n’était pas sa propre peau, elle était plus solide que le plastacier. Rien ne pouvait pénétrer cette armure, ni le couteau, ni le poison, ni le sable, pas même la poussière du désert ou sa chaleur desséchante. Dans sa main droite, il enserrait la puissance de la tempête Coriolis, il pouvait faire trembler la terre et l’éroder jusqu’à la nudité. Ses yeux étaient fixés sur le Sentier d’Or et, dans sa main gauche était le sceptre du pouvoir absolu. Au-delà du Sentier d’Or, ses yeux voyaient l’éternité, et il savait que l’éternité était la nourriture de son âme et de sa chair éternelle.
- Heighia, le Rêve de Mon Frère, d’après Le Livre de Ghanima.

L’atrocité est reconnue comme telle par la victime tout autant que par celui qui la perpètre, par tous ceux qui en ont connaissance à quelque degrés que ce soit. L’atrocité n’a pas d’excuse, pas de circonstance atténuante. Jamais elle n’équilibre ni ne corrige le passé. Elle ne fait qu’armer l’avenir pour d’autres atrocités. Elle se perpétue d’elle-même selon une forme barbare d’inceste. Quiconque commet une atrocité commet toutes les atrocités futures ainsi engendrées.

De toutes les créations, la plus dangereuse est un code d’éthique rigide.

L’opportunisme à court terme échoue toujours à long terme.

Celui qui gouverne doit seulement être sensible.

Un Fremen de la génération de Stilgar considérait que tout individu devait avoir un sens profond de ses limitations propres.

Pour la première fois, tandis qu’il observait Ghanima et Dame Jessica, Stilgar commença de comprendre ce que ce devait être de vivre dans l’inextricable réseau de ces mémoires, sans pouvoir se replier ni se réfugier dans une chambre secrète de l’esprit. Devant une telle situation, il fallait intégrer la folie, sélectionner et rejeter une multitude d’offres provenant d’un système dans lequel les réponses changeaient aussi rapidement que les questions.

Ils étaient les enfants d’Abraham, ils apprenaient plus d’un faucon tournoyant au-dessus des sables que de tous les livres jamais écrits.

Leto II : « Mais mon père n’avait pas compris avec quelle rapidité l’eau peut ramener au sol tout ce qui en a surgi. »

Stilgar n’avait rien d’un Fremen domestiqué, il n’avait pas été dressé à rassembler des brindilles pour le nid : c’était encore un faucon. Lorsqu’il pensait rouge, il voyait du sang et non des fleurs.

Irulan : « Une ruse dans une ruse qui cache une ruse. Nous connaissons tous la forme ordinaire de l’attaque contre le pouvoir. »

Duncan n’ignorait pas que la pensée précise contenait des absolus inassimilés. La nature n’était pas précise. L’univers, ramené à son échelle, n’était pas précis : il était vague, flou, saturé de variations et de mouvements inattendus. L’humanité considérée comme un tout devait être incluse en tant que phénomène naturel dans cette computation. Tout ce processus d’analyse précise représentait une partition, retranchée du courant incessant de l’univers. Il lui fallait parvenir à ce courant, l’observer en mouvement.

Alia : « L’argent considéré comme une traduction de l’énergie ne peut être séparé de l’énergie qu’il exprime. »

Le bon gouvernement ne dépend jamais des lois, mais des qualités personnelles de ceux qui gouvernent. La machine gouvernementale est toujours subordonnée à la volonté de ceux qui l’administrent. Il s’ensuit donc que l’élément le plus important de l’art du gouvernement est la méthode selon laquelle les chefs sont choisis.

Jessica : Il est si séduisant de vivre en paix.

Maxime personnelle de Ghanima et Leto II : Nous Partageons.

Paul et Leto II : Dans le désert, tout est mobile ou bien périt.

Révérende Mère Gaius Helen Mohiam à son élève Jessica : «Si tu concentres ta conscience seulement sur la justesse de ton attitude, tu appelles les forces d’opposition à te balayer. C’est une erreur très commune.»

Jessica : « On utilise le pouvoir en le tenant avec légèreté. Si on le serre trop fort, on est pris par lui, on en devient la victime. »

L’univers est simplement là : c’est la seule manière dont un Fedaykin puisse le voir et rester maître de ses sens. L’univers ne menace ni ne promet. Il contient des choses qui échappent à notre influence : la chute d’un météore, l’éruption d’épice, la vieillesse et la mort. Telles sont les réalités de l’univers et il faut les affronter sans se soucier de ce que l’on ressent à leur propos. On ne peut les écarter par des mots. Elles n’auront pas de mots quand elles viendront à vous et alors, alors vous comprendrez ce que l’on entend par « la vie et la mort ». Et, comprenant cela, vous serez plein de joie.
- Muad’Dib à son Fedaykin.

C’était un détail, mais les grandes campagnes étaient faites de tant de petits détails.

Farad’n : « La tension : voilà un outil très puissant. De même que l’absence de tension. »

Farad’n : « La loyauté, lorsqu’elle est trop sollicitée, finit par s’user. »

Farad’n était archéologue et historien, juge des hommes. La nécessité avait fait de lui un expert dans l’étude de ceux qui allaient le servir, la nécessité et l’analyse attentive des Atréides. Il considérait que tel était le prix que l’on avait toujours exigé de l’aristocratie. Exercer le pouvoir, cela impliquait des jugements précis et incisifs sur ceux qui soutenaient votre pouvoir. Combien de souverains s’étaient effondrés par les fautes et les excès de leurs subordonnés.
L’étude approfondie des Atréides révélait un talent exceptionnel dans l’art de choisir ses serviteurs. Ils avaient su préserver la loyauté, entretenir l’ardeur de leurs soldats.

L’absence, lorsqu’il faut survivre au désert, est plus éloquente que la présence.

Paul : « L’inconnu est autour de nous à chaque moment. C’est là que tu dois rechercher la connaissance. »

Mais les instincts n’étaient que des souvenirs de l’espèce permettant d’affronter les crises.

Le vieux dicton fremen s’imposa à son esprit : Quand le centre ne bouge pas, tu es dans son sentier.

Dans tout système planétaire, il existe d’évidentes influences d’ordre supérieur. Cela est souvent prouvé par l’introduction de formes de vie terraformée sur les planètes nouvellement découvertes. Dans tous les cas observés, la vie, dans des zones similaires, développe de formes d’adaptation absolument similaires. Par forme, nous entendons plus que la forme physique. Cela concerne aussi l’organisation de survie et les rapports de telles organisations entre elles. L’exploration de cette structure d’interdépendance et de la place qu’elle y occupe est, pour l’humanité, une nécessité profonde. Cette exploration peut, cependant, être pervertie par une fixation de type conservatif à la ressemblance. Ce qui a toujours été fatal à l’ensemble du système.
- La catastrophe de Dune, d’après Harq al-Ada.

Les hommes doivent désirer accomplir des choses en accord avec leurs pulsions profondes. Ce sont les gens, et non les organisations commerciales ou les hiérarchies, qui font la réussite des grandes civilisations.
- Une lettre à la CHOM attribuée au Prêcheur.

Prêcheur : « Nombreuses sont les vies qui ne sont que des fuites hors de soi-même. Nombreux sont ceux qui préfèrent les vérités de l’écurie. Vous plongez la tête dans le râtelier et vous mâchez tout votre soûl jusqu’à votre mort. Les autres vous utilisent à leurs fins. Jamais vous ne quittez l’écurie, jamais vous ne dressez la tête pour être vous-même. »

Prêcheur : «Si la certitude revient à la connaissance absolue d’un avenir absolu, alors ce n’est que la mort déguisée! Un tel avenir devient maintenant

Prêcheur : « La prédiction absolue est un achèvement… elle est la mort! »

Patience et prudence, se dit Leto. Prudence et patience.

Namri, père de Javid : « La nuit était le temps du chaos. Le jour, celui de l’ordre. C’était ainsi au temps de cette langue que tu prétends parler : l’obscurité-désordre, l’ordre-lumière. Nous, les Fremen, nous avons changé cela. Eos, c’était la lumière que nous rejetions. La lumière que nous préférions, c’était celle de la lune, des étoiles. La lumière, c’était trop d’ordre, et trop d’ordre pouvait nous être fatal. Tu vois ce que l’Eos des Atréides a apporté? L’homme est la créature de la seule lumière qui puisse protéger.

Question : Qu’est-ce que le silence? Réponse : L’ami du pourchassé.

À cause de cette conscience unidirectionnelle du Temps dans laquelle reste immergé l’esprit conventionnel, les humains tendent à considérer toute chose selon un schéma continu défini par les mots. Ce piège mental produit des concepts d’efficacité et de conséquences à très court terme, et engendre une condition de réactions invariables et non préparées à toute crise.
- Liet-Kynes : Le Précis d’Arrakis.

Le temps est une mesure de l’espace, tout comme un télémètre est une mesure de l’espace. Mais le fait de mesurer nous condamne à demeurer dans le lieu que nous mesurons.

Lorsque l’on observe un objet d’une certaine distance, on peut ne plus voir que son principe.

Il ne fallait pas qu’ils découvrent ce pouvoir en lui. Nul ne devrait jamais l’apercevoir dans sa plénitude, pas même Ghanima.

Leto II : « La prescience universelle est un mythe vide de sens. On ne peut prévoir que les courants locaux les plus puissants du Temps. Mais, dans un univers infini, ce qui est local peut être assez énorme pour que l’esprit s’affaisse. »

Namri : « Mais si tu étais indifférent… »
« C’est la maladie de l’indifférence qui détruit tant de choses, dit Leto. Oui… même les civilisations en meurent. Comme s’il s’agissait du prix exigé pour parvenir à de nouveaux degrés de complexité ou de conscience. Ainsi, on t’a dit de guetter l’indifférence en moi? »
« Oui, comme un signe de pouvoir indiscipliné. »
« Le pouvoir indifférent… »

« L’univers ne peut être compris que par le vent, dit Leto. La raison n’a pas d’assise puissante dans le cerveau. La création est la découverte. Dieu nous a découverts dans le Vide parce que nous nous déplacions sur un fond qu’Il connaissait déjà. Ce mur était nu. Puis il y eut le mouvement. »

Leto porte la main à sa poitrine : « Cet enfant n’a jamais été un enfant. Mon père vit en moi, mais il n’est pas moi. Vous l’avez aimé et c’était un humain valeureux dont les actes rejaillirent sur de hauts rivages. Son intention était de clore le cycle des guerres, mais il avait compté sans le mouvement de l’infini tel que la vie l’exprime. C’est le Rhajia! Namri le sait. Tout mortel peut observer son mouvement. Méfions-nous des sentiers qui rétrécissent les possibilités à venir. Ils nous détournent de l’infini vers des pièges mortels. »

Leto II : « Parce que c’est l’amor fati que j’apporte à l’humanité, l’acte de la connaissance ultime de soi. Dans cet univers, je choisis de me rassembler contre toute force qui puisse apporter l’humiliation à l’humanité. »

Leto II : « En terrain ouvert, une direction est aussi bonne qu’une autre. »

Leto II : « Il n’y a pas une seule réponse correcte à chaque problème, à chaque question. Il faut admettre la diversité. Un monolithe est instable. »

Leto II : « Nous leur donnerons assez de complexités pour leur occuper l’esprit. Il y a bien des façons de fuir le danger. Comment pourraient-ils savoir que je suis dangereux sans m’avoir pratiqué durant des millénaires? Oui, mon-père-en-moi, je vais leur donner des points d’interrogation. »

Périodiquement, l’humanité connaît une accélération de ses activités, retrouvant ainsi la compétition entre la vitalité renouvelable du vivant et l’attirante viciation de la décadence. Dans cette course périodique, toute pause est un luxe. Alors seulement on peut se dire que tout est permis, que tout est possible.
- L’Apocryphe de Muad’Dib.

« Ce n’est pas le présent qui influence l’avenir, idiot, mais c’est l’avenir qui forme le présent. Tu as tout compris à l’envers. Puisque l’avenir est déterminé, le déroulement des évènements qui assureront cet avenir est inévitable et fixé. »

Tout comme les vieux Fremen, il savait qu’il lui faudrait bien des cérémonies pour éviter que sa personnalité ne se divise en fragments de mémoire, pour maintenir aux abois les chasseurs avides de son âme.

Halleck n’avait jamais vraiment aimé commander. Ceux qui commandaient passaient leur temps à attendre tandis que les autres accomplissaient les choses dangereuses et intéressantes.

« Bientôt, nous discuterons d’homme à homme, et une seule vision en émergera. »

Les limites de la survie sont définies par le climat, dont la lente tendance au changement peut passer inaperçue d’une génération. Et ce sont les extrêmes d’un climat qui définissent la Structure. Des humains isolés peuvent observer des provinces climatiques, des fluctuations du temps sur une année et, occasionnellement, remarquer : « C’est l’année la plus froide que j’aie connue. » Ces choses sont perceptibles. Mais les humains sont rarement sensibles à la variation de la moyenne sur un grand nombre d’années. Et c’est précisément en développant cette sensibilité que les humains apprennent à survivre sur une planète. Ils doivent apprendre le climat.

Leto sentait l’accord qui le liait à l’humanité dans sa totalité et avec ce besoin profond d’un univers d’expériences qui aient un sens logique, un univers doté de régularités identifiables au sein de ses perpétuelles transformations.

Chacun d’eux ne pouvait s’appuyer que sur son courage, solitaire et désespéré, mais Leto possédait deux avantages il s’était avancé de lui-même sur un chemin sans retour, et il en avait accepté les conséquences terribles pour lui. Son père continuait d’espérer qu’il existât un chemin de retour et il n’avait pas pris l’ultime décision.

« L’indépendance implique la rupture. »

Toute vraie création est indépendante de son créateur.

Il ne peut exister pour la vie et dans le vie de systèmes rigoureusement clos.

Paul : « Être un dieu, cela conduit à l’ennui et à la dégradation. C’est assez pour inventer le libre arbitre! »

L’univers forme un tout cohérent et vous en êtes indivisible.

Il avait raffiné la mystique fremen, il l’avait affûtée jusqu’à ce qu’elle acquière un fil redoutable : tout ce qu’il emportait avec lui était nécessaire, et c’était tout ce qu’il emportait.

Jessica : « Ce n’était pas la première fois qu’un homme donnait sa vie aux Atréides. Pourquoi le font-ils, Stil? Est-ce donc parce que vous savez que les Atréides rendent plus encore que ce qu’on leur a donné? »

Inconsciemment, ils changeaient avec les saisons.

Ghanima : « Chaque jour, chaque moment apporte son changement. C’est en reconnaissant ces moments que l’on apprend. »

Leto II : « Il est certain que les Sœurs du Bene Gesserit sont toutes plus ou moins folles, mais la folie est un réservoir chaotique de choses surprenantes. Et il y a des surprises qui ont beaucoup de valeur. »

Leto II : Toutes les révoltes sont non seulement ordinaires, mais mortellement ennuyeuses. Elles sont toutes faites sur le même moule. Leur principe moteur est la dépendance à l’adrénaline ainsi que le besoin de pouvoir personnel. Tous les révolutionnaires sont des aristocrates en chambre. C’est pourquoi il m’est si aisé de les convertir.

Leto II : Les extrémistes surgissent à chaque génération et il ne faut surtout pas essayer d’enrayer le processus. C’est ce qu’il voudrait faire, lui, quand il parle de ne pas leur laisser « l’initiative ». Il voudrait les museler, les restreindre, les réprimer, les détruire. Il est la preuve vivante qu’il n’y a guère de différence entre la mentalité policière et la mentalité militaire.
J’avais beau lui dire : « Les extrémistes ne sont à craindre que quand on cherche à les supprimer. Tu devras faire la preuve que tu sais utiliser ce qu’ils ont de mieux à offrir. » Il ne cessait de répéter : « Ils sont dangereux. Ils sont dangereux. » Il croit que la répétition engendre une espèce de vérité.
Lentement, pas à pas, je lui ai inculqué ma méthode. Il donnait même parfois l’impression d’écouter.
– C’est leur grande faiblesse, vois-tu, Duncan. Les radicaux ont des vues trop simplistes. Pour eux, c’est blanc ou noir, bien ou mal, ami ou ennemi. En abordant de cette manière dichotomique des questions essentiellement complexes, ils frayent la voie au chaos. L’art de bien gouverner, comme tu dis, c’est en réalité l’art de maîtriser le chaos.
– Nul ne peut parer l’imprévu de tous les côtés à la fois.
– L’imprévu? Qui parle d’imprévu? Le chaos n’a rien d’imprévu. Ses attributs sont prévisibles. Pour commencer, il chasse l’ordre et renforce les extrémités.
– N’est-ce pas justement ce que les extrémistes cherchent à faire? Ne veulent-ils pas bouleverser les structures afin de pouvoir s’emparer des commandes?
– C’est seulement ce qu’ils croient faire. En réalité, ils créent de nouveaux extrémistes, de nouveaux radicaux, et ils continuent selon la même ligne.
– Et si un extrémiste se rendait compte des complexités et vous affrontait sur ce terrain-là?
– Ce ne serait pas un extrémiste, mais un prétendant au pouvoir, un rival.


Leto II : « Le gouvernement n’est rien d’autre qu’un mythe partagé. Quand le mythe s’éteint, le gouvernement meurt. »

Leto II : Au niveau viscéral, l’armée sait qu’elle s’apparente à l’apprenti sorcier. Elle libère la technologie et plus jamais le génie du mal ne peut réintégrer la bouteille. […] La technologie engendre l’anarchie. Elle distribue ses outils au hasard. Et avec eux, inévitablement, va la provocation à la violence. La possibilité de fabriquer et d’utiliser des moyens de destruction forcenée finit par tomber tôt ou tard entre les mains de groupes de plus en plus restreints, jusqu’au groupe ultime constitué par un individu unique.

Leto II : Qu’est-ce que l’anathème? Une motivation au ravage, quels qu’en soient les instruments.

… de même qu’être considéré comme un dieu, comme je l’étais sans conteste, peut être une source d’indescriptible lassitude. Il m’est plus d’une fois venu à l’idée que l’ennui divin était une raison valable et suffisante pour que soit inventé le libre arbitre.
- Inscription figurant à l’entrée de la Chambre de Conservation à Dar-es-Balat.

Vos ennemis vous renforcent. Vos alliés vous affaiblissent.
- Les Mémoires Volés.

Dès lors qu’on a acquis une âme de bazar, le souk représente la totalité de l’existence.
- Anciennes paroles fremen tirées de l’Histoire Orale.

Certains voudraient faire croire que je n’ai pas de conscience. Ils se trompent eux-mêmes autant qu’ils trompent les autres. Je suis la seule conscience qui ait jamais existé. De même que le vin retient le parfum du tonneau, je conserve l’essence de ma très ancienne genèse et c’est là le germe de toute conscience. Par là même, je suis sacré. Je suis Dieu parce que je suis le seul à connaître vraiment mon hérédité!
- Les Mémoires Volés.

Hwi Noree : Le Seigneur Leto est dépourvu d’innocence et de naïveté. Il n’est redoutable que lorsqu’il feint de posséder ces traits.

Malky : « Le Seigneur Leto adore le génie de surprise et la diversité de l’humanité. »

– J’ai faim d’une humanité qui serait capable de prendre de véritables décisions à long terme. Sais-tu quelle est la clé de cette faculté, Moneo?
– Vous me l’avez dit plusieurs fois, Mon Seigneur. C’est l’aptitude à changer d’avis.

Leto II : « Nous avons encombré ce paysage! Nous l’avons encombré d’arbres, de jardins, de maisons… Comment pouvez-vous exulter devant les mystères d’un tel paysage? […] Il n’y a pas de liberté spirituelle extériorisée dans ce genre de paysage. Ne percevez-vous pas cela? Il n’y a ici aucun univers extérieur avec lequel on puisse communier. Tout est clos. Barrières, portes, verrous! […] Un paysage comme celui-ci vous force à intérioriser, dans l’espoir de découvrir un peu de liberté. Mais la plupart des hommes ne sont pas assez forts pour découvrir la liberté à l’intérieur d’eux-mêmes.

Pour aussi étrange que cela puisse paraître, les grands combats tels que celui que vous voyez émerger des pages de ces mémoires ne sont pas toujours visibles à leurs participants. Bien des choses dépendent de ce que les gens rêvent dans le secret de leur coeur. Je me suis toujours intéressé autant à l’élaboration des rêves qu’à celle des actions. Entre les lignes de ces mémoires apparaît le combat avec la vision que l’humanité a d’elle-même – un combat âpre sur un terrain où des pulsions surgies de notre plus sombre passé peuvent se transformer en une réalité à laquelle nous serons obligés non seulement d’assister mais de nous mesurer. C’est l’hydre qui attaque toujours du côté où l’on est sans défense. Je prie, par conséquent, pour que, après avoir traversé mon segment du Sentier d’Or, vous ne soyez plus d’innocents enfants qui dansent sur une musique dont ils n’entendent pas le son.
- Les Mémoires Volés.

Leto II : « Voici la dent de Shaï-Hulud. Prends-la et tu feras partie à la fois du passé et de l’avenir. Souille-la et le passé ne te donnera pas d’avenir. »

Leto II : « Les religions dévorent de l’intérieur aussi bien les empires que les individus. »

Leto II : « Lui forcer la main serait le meilleur moyen de perdre ce que j’apprécie le plus chez elle. Il faut qu’elle vienne à moi dans toute l’intégrité de ses forces. »

Comme une arme est capable, invariablement, songea Leto, d’enfermer celui qui la porte dans des schémas de comportement prévisibles!

La brume de la nostalgie enveloppera ces journées passées au milieu de leurs sœurs [truitesses] et les transformera en quelque chose de plus que ce qu’elles furent réellement. C’est ainsi que le présent modifie l’histoire. Tous les contemporains ne résident pas dans la même période. Le passé évolue continuellement, mais rares sont ceux qui s’en aperçoivent.
- Les Mémoires Volés.

Idaho regarda de nouveau Leto.
– Que nous avez-vous donné en échange?
– Dans tout l’Empire, la Paix de Leto.
– Et je vois que tout le monde en est vraiment ravi! C’est sans doute pour cela que vous avez besoin d’une Garde personnelle.

Moneo : « Oui. Il affirme que les armées exclusivement masculines étaient trop dangereuses pour leur support civil.
Duncan : « C’est insensé! Sans armée, il n’y aurait même pas de…
– Je connais votre argument. Mais il dit que l’armée masculine n’était rien d’autre qu’une survivance de la fonction tampon dévolue aux mâles non reproducteurs de la horde préhistorique. Il dit aussi que, dans cette optique, il est frappant de constater que c’était toujours les mâles plus âgés qui envoyaient les jeunes au combat.
– Qu’est-ce que cela signifie, la fonction tampon?
– Il s’agit de ceux qui se trouvaient toujours dans la zone de danger, pour protéger le noyau de mâles reproducteurs, de femmes et d’enfants. Ceux qui affrontaient les prédateurs en premier.

Moneo : « Seules la discipline et la rectitude morale des Atréides ont épargné les pires excès à votre époque. »

– Expliquez-moi donc en quoi les femmes font de meilleurs soldats que les hommes?
– Elles ont plus de facilité à mûrir.

Le seul passé pérenne gît en vous sous forme non verbale.

Leto II : Mais quelle importance ont vraiment ces choses-là? Simple contrariété passagère chez ceux dont l’existence est aussi brève que la capacité de réflexion.

Leto II : J’aimerais tellement que l’on me surprenne!

Leto II : « C’est le début de la sagesse. Découvrir l’existence de quelque chose que l’on ne comprend pas. »

Leto II : « Ce qu’on ne peut maîtriser, on le canalise. »

Le guérisseur est celui qui appelle à coopérer.
- Les Mémoires Volés.

Leto II : « Il y a un fait très intéressant à propos de cette histoire : Ce n’est pas Ève qui a cueilli la pomme et qui y a goûté la première. C’est Adam. Et à cette occasion, il a appris à rejeter la faute sur Ève. Mon histoire devrait te donner une leçon sur la manière dont nos sociétés ressentent la nécessité structurelle d’avoir des sous-groupes. »

Leto II : « Chaque cycle est une réaction au cycle précédant. Réfléchis à la forme de mon Empire et tu connaîtras celle du prochain cycle. »

– Précisément. Regarde mon Empire. En vois-tu la forme à présent? » Tout cet extrait est à lire dans le livre L’Empereur-Dieu de Dune, pages 339, 340, 341…

Hwi : « Il faut savoir apprécier la vie avant de vouloir la préserver. »

Leto II : « L’une des choses les plus difficiles à trouver, pour un tyran, ce sont des gens vraiment capables de prendre des décisions. »

Si vous savez tout de vos ancêtres, c’est que vous avez été personnellement témoins des évènements qui ont créé les mythes et les religions de notre passé. Acceptant cela, vous devez reconnaître que je suis un faiseur de mythes.
- Les Mémoires Volés.

Comme toutes les gardes attachées à la personne de l’Empereur-Dieu, elle avait subi une formation qui faisait d’elle un véritable enregistreur humain. Elle n’oublierait aucune des paroles prononcées par Leto et serait capable de reproduire même ses intonations.

Leto II : « Comme elle a la vie dure, cette prétention d’avoir des dieux parfaits. Les Grecs étaient beaucoup plus raisonnables dans ce domaine. […] Vois-tu, Moneo, je crois que seuls les anciens panthéistes avaient des idées saines sur les divinités : des faiblesses de mortels sous des dépouilles immortelles. »

« C’est trop dangereux, déclara Moneo. »
Leto II pense : L’ultime verdict du conservatisme!

– Au cours de notre histoire humaine, reprit l’Empereur-Dieu, l’utilisation la plus forte qui ait été faite des mots a toujours consisté à circonscrire un évènement transcendantal quelconque pour lui donner une place dans la chronique officielle en expliquant cet évènement de telle manière qu’on puisse dire ensuite, en reprenant les mêmes mots : « Voilà ce qu’ils signifiaient alors. »

Moneo sait quel est le prix de ses privilèges, songea Leto. C’est un autre genre de mariage. Celui du privilège et du devoir. Il y a là toute la raison d’être de l’aristocratie.

Leto sourit : « Le dernier des aristocrates se meurt en moi. » Le privilège devient arrogance. L’arrogance appelle l’injustice. C’est le déclin qui commence.

Nous portons en avant toute notre ascendance comme une onde vivante, tous les espoirs, les joies, les chagrins, les douleurs et les exultations de notre passé. Rien dans ces souvenirs ne demeure totalement sans signification ou influence, tant qu’il existe encore une humanité quelque part. Nous sommes entourés d’un éclatant Infini, ce Sentier d’Or de l’éternité devant lequel nous pouvons, à notre manière modeste mais inspirée, faire allégeance en permanence.
- Les Mémoires Volés.

« Il nous élève depuis longtemps, Duncan. Il a renforcé beaucoup de nos capacités. Il a cultivé notre vitesse, notre intelligence, notre modération, notre sensibilité. Vous n’êtes… vous n’êtes qu’un ancien modèle. »

« Comme ils étaient magnifiquement vivants, ces Fremen du temps passé!, reprit Leto. Et leur vision de la beauté se limitait à l’utile. Je n’ai jamais rencontré un seul Fremen cupide. Dans l’ancien temps, tout ce que l’on emportait avec soi dans le désert était nécessaire, et l’on n’emportait rien d’autre. »

Le temps tout entier vibre à ce cri : « Je suis là! »
- Les Mémoires Volés.

Moneo : « L’ignorance fleurit sur l’hystérie. »

– Et que se passe-t-il donc lorsqu’on réfléchit en Fremen?
– On se souvient qu’on ne devrait jamais se trouver en compagnie de quelqu’un aux côté de qui on ne voudrait pas mourir.

Il est en même temps le navire et la tempête.

« Tais-toi! Chacun de nous naît en sachant qui il est et ce qu’il a à faire. Les petits enfants le savent, reprit Leto. Ce n’est qu’après avoir été déformés par les adultes qu’ils enfouissent cette connaissance au plus profond d’eux-mêmes. Enlève tes barrières, Moneo! »

La civilisation est en grande partie fondée sur la couardise. Il est si simple de civiliser en enseignant à être lâche. Étouffez les critères qui conduiraient au courage. Limitez l’exercice de la volonté. Égalisez les appétits. Bouchez les horizons. Décrétez une loi pour chaque mouvement. Niez l’existence du chaos. Apprenez même aux enfants à respirer lentement. Domptez.
- Les Mémoires Volés.

Qu’est-ce qui peut menacer le plus immédiatement mon office? Je vais vous le dire. C’est un vrai visionnaire, une personne qui s’est trouvée en présence de Dieu en étant pleinement consciente de ce qui se passait. L’extase visionnaire libère des énergies qui sont comme les énergies du sexe : indifférentes à tout sauf à la création. Un acte de création peut ressembler à n’importe quel autre. Tout dépend de la vision qu’on a.
- Les Mémoires Volés.

Leto II : « Quand une chose disparaît, c’est un indice aussi valable que quand une chose apparaît subitement. Les espaces vides sont toujours intéressants à étudier. »

Dicton fremen : Ne te trouve jamais en compagnie de quelqu’un aux côtés de qui tu ne voudrais pas mourir.

– Es-tu si terrifiant que cela, mon amour?
– Seulement pour ceux qui refusent de vivre à la hauteur de leurs propres forces.

Hwi à Leto II : « Il est rare que tu aies réellement besoin des mots. Tu parles directement aux sens avec ta vie. »

S’il faut que vous donniez un nom à l’absolu, utilisez son nom propre : Provisoire.
- Les Mémoires Volés.

Leto II : « Ils croient perpétuer l’essence des anciennes coutumes. C’est l’illusion de la plupart des musées. Il y a des choses qui pourrissent, qui se dessèchent, qui ne supportent pas d’être exposées. Ceux qui dirigent les musées et ceux qui viennent se pencher sur les vitrines le sentent quelquefois. Il manque aux objets une force qui actionnait jadis le moteur de la vie. »

Leto II : La prudence est la mère de la médiocrité. Une médiocrité bien lisse et sans passion, voilà ce à quoi la plupart des gens se croient capables d’arriver.

Leto II : « La folie dans la méthode, c’est ce qu’on appelle le génie. »

L’Église a-t-elle peur du prophète occasionnel? Nous savons que les visionnaires sont incapables de nous voir ou de prédire nos décisions. Aucune forme de mort ne peut plus atteindre toute l’humanité.

Comme l’a si bien dit le poète Lon Bramlis : « Nous sommes la fontaine de toutes les surprises! »

« Dans toute guerre, disait Miles Teg, la mobilité est la clé du succès. Ceux qui se laissent enfermer dans des forteresses, fussent-elles à l’échelle d’une planète entière, sont en dernier ressort éminemment vulnérables. »

Miles : « En vivant plus longtemps, on a l’occasion d’observer davantage. »
Taraza : « Je ne pense pas que ce soit aussi simple. Certains n’observent jamais rien. Ils se contentent de subir l’existence avec une sorte d’insistance passive, et ils résistent avec un dépit rageur à tout ce qui pourrait les tirer de leur fausse sérénité. »

La vengeance était une passion aussi dangereuse que l’amour. La capacité de haïr avait pour contrepartie la capacité d’aimer.

« Le temps par lui-même ne compte pas, dit Taraza, lançant une nouvelle sonde. Il suffit de regarder n’importe quel cercle.
– Les soleils sont des cercles. Chaque univers est un cercle.
Waff retenait son souffle, attendant sa réponse.
– Les cercles sont des enclos, dit Taraza, puisant la réplique adéquate dans sa mémoire seconde. Tout ce qui sert à enclore ou à limiter a nécessairement un côté tourné vers l’infini.

La violence engendre ses propres limites.

Duncan à Teg : « Vous m’avez dit vous-même un jour que nous ne haïssons que ce qui est réellement dangereux pour nous. »

Miles : « L’une des choses les plus dangereuses de l’univers, c’est un peuple ignorant armé de revendications réelles. Mais c’est encore bien moins redoutable qu’une société intelligente et informée qui veut faire aboutir ses revendications. Les dégâts qu’une intelligence résolue et hostile peut causer, vous ne pouvez pas même les imaginer. »

Leto II au Bene Gesserit : Qu’est-ce que la survie si l’on ne survit pas entier? Qu’est-elle si l’on n’entend plus la musique de l’existence?

La nouvelle société rakienne arguait de la nécessité de « ne pas se laisser distancer par le progrès ». Elle voulait dire, en réalité : « Donnez-nous plus de pouvoir! » C’est ainsi que cela s’est toujours passé, songea Odrade. Même à l’intérieur du Bene Gesserit.

Croyance tleilaxu : « L’homme n’est qu’un caillou jeté dans une mare. Et si l’homme n’est qu’un caillou, aucune des choses qu’il accomplit ne peut valoir davantage. »

Odrade : «Les catins tiennent les rênes de ce pouvoir dans leurs propres mains. À mesure que le pouvoir augmente, leur contrôle sur lui doit augmenter aussi. La chose est vouée à la destruction de par son propre élan!»

L’oubli… tel est votre destin. Toutes les anciennes leçons de la vie, vous les perdez, vous les gagnez, puis vous les reperdez et vous les regagnez encore.
- Leto II, La Voix de Dar-es-Balat.

Tout paraissait disposé au hasard, sans plan particulier. Et pourtant, un ordre rigoureux régissait les moindres détails.

– Au diable votre alliance! Vous leur avez donné prise sur nous… et vice versa, je l’admets, mais personne n’ose lâcher l’extrémité à laquelle il s’agrippe.
– N’est-ce pas là l’alliance parfaite?
– Chacun met la main de plus en plus profond dans la poche de l’autre.
– L’alliance parfaite, c’est bien ce que je disais.

Mère Supérieure : « Il n’y a rien de plus dangereux qu’une pratique habituelle. L’ennemi peut y déceler un schéma de comportement qu’il retournera contre vous. »

Elle possédait cette intelligence toute ronde, qui entrait en expansion sur la totalité de sa surface en même temps, à la manière d’un ballon que l’on est en train de gonfler.

– À faire trop longtemps l’idiot, on le devient réellement.

Les questions se bousculaient dans sa tête, mais il gardait le silence. Tout ce qu’il pouvait dire à cet homme risquait de trahir une faiblesse.

– Pourquoi parlez-vous toujours de discipline et de punitions?
– Tu dois apprendre à te discipliner. Comment veux-tu exercer un pouvoir sur les autres si tu ne sais pas te maîtriser toi-même?
– Je n’aime pas ce genre de leçon.
– Aucune de nous ne l’aime vraiment… jusqu’à ce qu’elle en apprenne plus tard la valeur par l’expérience.

Quand des étrangers se trouvent en présence, des concessions mutuelles s’imposent pour compenser les différences de mœurs et d’éducation.
- Dame Jessica, Sagesse d’Arrakis.

La croissance de l’espèce est limitée par la denrée vitale qui est disponible dans la quantité la plus faible. La condition la moins favorable détermine le taux de croissance. (Loi du minimum.)
- Extrait des Leçons d’Arrakis.

Taraza trouvait extraordinaire que le prêtre n’emploie jamais le mot « mais » alors qu’il formait l’essentiel de tout ce qu’il avait à dire. Le parfait bureaucrate.

Le monde est pour les vivants.
Qui sont-ils à cette heure?

« Toute cette énergie de la procréation doit avoir un exutoire. Enfermée dans une bouteille elle devient monstrueusement dangereuse. Déviée, elle balaye tout sur son passage. C’est le grand secret de toutes les religions. »

Comme il était facile de créer des boucs émissaires, et comme ils étaient aisément acceptés! La chose était particulièrement vraie quand on savait que l’alternative revenait à se considérer ou coupable ou stupide. Peut-être les deux à la fois.

« On connaît rarement le nom de ceux qui sont riches et puissants. Le plus souvent, on n’a affaire qu’à leurs mandataires. L’arène politique entraîne quelques exceptions, mais ne révèle pas toute la structure du pouvoir. »

« La suppression partielle du commerce d’un produit quelconque a toujours pour résultat l’accroissement des bénéfices réalisés par le commerçant, particulièrement dans le cas des gros distributeurs. Cela montre bien la vanité qu’il peut y avoir à croire que l’on peut empêcher la circulation de stupéfiants indésirables en les bloquant à ses propres frontières. » Les bénéfices accrus ainsi réalisés servaient à leur tour à acheter des itinéraires sûrs à travers la frontière sous le nez des gardes, voire à acheter les gardes eux-mêmes.

Voir nos actions dans les réactions des autres.

– Si vous aviez connaissance de certaines choses que la Mémoire Seconde m’oblige à savoir, Rabbi, vous partiriez à la recherche de nouveaux termes pour décrire le mal. Les choses qu’ont accomplies certains de nos ancêtres dépassent toutes les étiquettes que vous pourriez leur accoler.
– Rébecca… Rébecca… je sais que les nécessités de…
– Ne cherchez pas d’excuse dans les « nécessités de l’époque ». En tant que Rabbi, vous savez mieux que moi à quoi vous en tenir. Quand notre sens moral nous a-t-il fait défaut? C’est simplement que, parfois, nous n’écoutons pas.

Miles : Le fait d’écrire l’histoire est en grande partie un processus de diversion. La plupart des comptes rendus historiques détournent en réalité l’attention des influences secrètes qui se sont exercées sur les évènements importants.

Scytale voyait ces passions [l’amour et la haine] comme des jaillissements incontrôlés de liquides noirs et primitifs qui salissaient l’atmosphère autour d’eux en éclaboussant les malheureux humains sans méfiance qui passaient à leur portée.

Tout serait éphémère, selon vous, Mère Supérieure?
– Cela vous est prouvé par la Mémoire Seconde. Nulle planète, nulle terre, nul océan n’existe éternellement. Quelle que soit la position que nous occupons, nous ne sommes que des intendantes.

« Montrez-moi un secteur où tout fonctionne à merveille et je vous montrerai quelqu’un qui cherche à couvrir des bavures. Les vrais navires tanguent. »

Odrade s’efforçait, chaque fois que la chose était possible, d’introduire des changements (mêmes minimes) dans leurs activités. L’aléatoire! L’absence de configurations absolues que d’autres pouvaient trouver et utiliser contre elles. Un individu donné ne remarquait peut-être pas de tels changements pendant la durée de sa vie, mais la différence sur de longues périodes était indubitablement mesurable.

Et qu’est-ce qui empêchait les uns et les autres de se rayer allégrement de la carte de l’univers à coups d’atomiques? La Grande Convention, tout simplement. « Détruisez une planète et toutes les autres s’uniront pour vous détruire. »

« Les lois perpétuent le mythe du changement forcé. Un avenir brillant sera promis par l’application de telle ou telle loi. Les lois font régner l’avenir. Les règles sont censées faire régner le passé. »

« Nous sommes persuadées qu’il existe au-dessus de toute loi une moralité qui consiste à monter la garde pour empêcher l’introduction de réglementations immuables. »

– J’ai réellement essayé de vous aider, Dama. Les lois sont dangereuses pour tout le monde, les coupables comme les innocents. Peu importe que vous vous jugiez forte ou sans défense. Elles n’ont par elles-mêmes ou en elles-mêmes aucune capacité de compréhension humaine.
– La compréhension humaine, ça n’existe pas!
Voilà la réponse à notre question. Pas d’humanité. Adressez-vous à son subconscient. Elle est grande ouverte.
– Les lois demandent toujours à être interprétées. Celui qui s’attache à la loi ne souhaite laisser aucune latitude à la compassion. Pas la moindre marge de manœuvre. La loi c’est la loi!
– C’est la vérité!
Encore sur la défensive.
– C’est une idée très dangereuse, particulièrement pour les innocents. Les gens le savent instinctivement et se sentent brimés par ces lois. Ils font de petites choses, parfois inconsciemment, pour couper l’herbe sous les pieds de « la loi » et de tous ceux qui prennent part à ces insanités.
– Comment osez-vous parler d’insanités?
Elle s’était à demi dressée de son fauteuil, le dos en arrière.
– Mais oui. Quant à la loi, personnifiée par tous ceux dont le gagne-pain repose directement sur elle, elle se fâche quand elle entend prononcer des paroles telles que les miennes.
– À juste raison, sorcière!
Mais remarquez qu’elle ne vous a pas ordonné de vous taire.
– Encore des lois! dites-vous. Il nous faut encore des lois! Et vous créez ainsi de nouveaux instruments d’anticompassion. Incidemment, vous créez aussi de nouveaux emplois pour ceux qui se nourrissent du système.
– C’est ainsi que cela a toujours été et sera toujours.
– Vous faites erreur. C’est plutôt un rondeau. Il roule et roule sur lui-même jusqu’à ce qu’il blesse la personne ou le groupe qu’il ne fallait pas. Alors, c’est l’anarchie. Le chaos… Regardez comme elle bondit!… Les rebelles, les terroristes, les accès de plus en plus rapprochés de violence déchaînée. Le jihad! Et tout cela parce que vous avez créé quelque chose de non humain.

Odrade : « Maltraitez un enfant impressionnable, apprenez-lui à ne faire confiance à personne, et vous fabriquerez un suicide. Qu’il soit lent ou rapide ne change rien à l’affaire. »

« Ne choisis jamais une voie sous prétexte qu’elle t’offre l’occasion d’une action spectaculaire. »

« Le manque vous ôte une partie essentielle de l’existence et, s’il survient à un âge avancé, risque de vous tuer. »

« Des détails intimes. La petite histoire, c’est la seule substance que désirent connaître tous les artistes. »

Les prophètes servent à rendre vraies les prédictions.

La violence ne propulse jamais les meilleurs aux positions de pouvoir.

Tout groupe qui choisit le suicide alors que d’autres options existent est un groupe marqué par la folie.

La mort rend plus sonore la voix du prophète. Rien n’est plus dangereux qu’un martyr.

La guerre? Il y a toujours quelque part un désir d’espace vital qui la motive.
- Le Bashar Teg.

C’est au moment où vous croyez prendre en main les rênes de votre destin que vous risquez d’être écrasé. Agissez prudemment. Comptez avec un certain nombre de surprises. Quand on crée, il y a toujours d’autres forces à l’œuvre.
- Darwi Odrade.

 
MAÎTRE D'ARMES

La voix de Duncan Idaho s’éleva dans sa mémoire : « Lorsque ton adversaire a peur de toi, laisse les rênes libres à sa peur pour qu’elle fasse son œuvre. Qu’elle devienne terreur. L’homme qui a peur lutte avec lui-même. À la fin, il attaque par désespoir. C’est l’instant le plus dangereux mais, en général, l’homme terrifié commet une erreur fatale. Tu as été éduqué pour déceler ce genre d’erreur et en profiter. »

Les paroles d’Idaho lui revinrent : « Durant les premiers instants, étudie. Bien sûr, tu perds ainsi la possibilité d’une victoire rapide, mais l’étude de l’adversaire est une assurance de succès. Prends ton temps. »

Duncan : « Ne t’attends qu’à ce qui se passe dans le combat. Ainsi, tu ne seras jamais surpris. »

Miles : « Le vrai guerrier digne de ce nom comprend souvent mieux ses ennemis qu’il ne comprend ses amis. C’est un piège dangereux pour peu qu’on laisse la compréhension ouvrir la voie à la sympathie, ce qu’elle n’a que trop tendance à faire naturellement si elle n’est pas bridée. La sympathie pour l’ennemi… une faiblesse que connaissent au même titre la police et les forces armées. Il n’y a pas plus dangereux que les sympathies inconscientes qui vous enjoignent de préserver la vie de votre ennemi parce que cet ennemi représente la justification de votre propre existence. »

Miles : « La férocité que nous manifestons à nos ennemis est toujours tempérée par la leçon que nous espérons leur donner. »

Les batailles n’ont jamais contribué à renforcer le sens moral.

Miles : « Toute guerre laisse un arrière-goût de plaisir et de ripaille qui conduit inexorablement à l’effondrement moral. »

Miles : « Pour chaque combattant qui rentre à la maison riche du sentiment d’une destinée nouvelle (“J’ai survécu : ce doit être la volonté de Dieu.”), il y en a de nombreux autres qui sont submergés d’amertume, qui sont prêts à céder à n’importe quelle solution de facilité sous prétexte qu’ils en ont trop vu pendant la guerre. »

Si votre armement ne vous coûte qu’une fraction de l’énergie dépensée par votre adversaire, vous possédez un levier puissant qui peut faire toute la différence en cas d’inégalité accusée des chances. Prolongez le conflit et vous dévorez la substance même de votre ennemi. Il finit par s’écrouler parce qu’il ne peut plus assurer le contrôle de ses travailleurs et de sa production.

 
MENTAT

Première Loi du Mentat : On ne peut comprendre un processus en l’interrompant. La compréhension doit rejoindre le cheminement du processus et cheminer avec lui.

Avant toute chose, le mentat doit être un généraliste, et non un spécialiste. Il est sage que, dans les moments importants, les décisions soient supervisées par des généralistes. Les experts et les spécialistes vous conduisent rapidement au chaos. Chasseurs de poux vétilleux, ils sont une source intarissable de chicaneries inutiles. Le mentat-généraliste, d’un autre côté, doit apporter un solide bon sens à ses décisions. Il ne doit pas se couper du courant principal des évènements de l’univers. Il doit demeurer capable de déclarer : « Pour le moment, il n’y a pas de vrai mystère. Ceci est ce que nous voulons maintenant. Cela peut apparaître faux plus tard, mais nous ferons les corrections nécessaires quand le moment sera venu. » Le mentat-généraliste doit comprendre que tout ce que nous pouvons identifier comme étant notre univers fait simplement partie de phénomènes plus vastes. L’expert, au contraire, regarde en arrière, dans les catégories étroites de sa propre spécialité. Le généraliste, lui, regarde au loin; il cherche des principes vivants, sachant pertinemment que de tels principes changent, qu’ils se développent. Le mentat-généraliste regarde les caractéristiques du changement lui-même. Il ne peut exister de catalogue permanent pour de tels changements, aucun traité ou manuel. C’est sans préconception qu’il faut les regarder, tout en se demandant : « Que fait cette chose? »
- Le Guide du Mentat

Si vous faites le bien, évitez de le faire savoir; si vous faites le mal, évitez de le savoir.

« Nul n’est jamais tout à fait un mentat. C’est ce que l’on appelle “la Quête sans Fin”. »

« Tout ce que vous faites, tout ce que vous dites et ressentez relève de l’empirisme. Il n’y a pas de déduction finale. Rien ne s’arrête avant d’être tout à fait mort, et encore ce n’est même pas certain car chaque vie donne naissance à un train d’ondes ininterrompu. L’induction rebondit en vous comme un écho et vous sensibilise à outrance. La déduction vous apporte l’illusion des absolus. N’ayez pas peur de bousculer la vérité et de la faire éclater! »

Les mentats cultivaient la naïveté. Croire qu’on sait quelque chose est le moyen le plus sûr de s’aveugler. Ce n’est pas l’âge qui freine lentement la connaissance (enseignait-on aux mentats), mais l’accumulation des « choses que je sais ».

« Assemblez vos questions pour qu’elles s’équilibrent et jetez vos données provisoires sur l’un ou l’autre des plateaux de la balance. Les solutions ont pour effet de déséquilibrer n’importe quelle situation. Ce sont les équilibres instables qui révèlent ce que vous recherchez. »

« Avant tout, libérer les couloirs nerveux. Barrer la route aux distractions et digressions mentales inutiles. »

« Les choses les plus appropriées peuvent devenir désuètes en l’espace d’un clin d’œil. De tels moments devraient être considérés par les mentats avec une joie spéciale. »

C’était une authentique projection mentat. Il pouvait affirmer son exactitude d’après les questions nouvelles qu’elle faisait naître.

 
ZENSUNNI & ZENSOUFI

La personne capable de prendre quelque chose de banal et d’ordinaire pour l’illuminer de manière nouvelle a le pouvoir de terrifier. Nous ne voulons pas que nos idées soient changées. Nous nous sentons menacés par de telles tentatives. « Je sais déjà tout ce qu’il y a d’important à savoir! » protestons-nous. C’est alors que le Changeur passe et renverse toutes nos vieilles idées.
- Le Maître Zensoufi.

On ne manipule pas une marionnette avec un seul fil.
- Le Fouet Zensunni.

Les couples opposés définissent vos aspirations et ces aspirations vous emprisonnent.
- Le Fouet Zensunni.

 
PROPOS CONTROVERSABLES

« Il n’y a pas d’issue – nous payons la violence de nos ancêtres. »
- Extrait de Les Dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

Stilgar : « Un chef, voyez-vous, est ce qui fait la différence entre un troupeau et un peuple. C’est le chef qui maintient le statut des individus. Trop peu d’individus, et le peuple redevient un troupeau. »

Paul : « Il y a en chacun de nous une force ancienne qui prend et une force ancienne qui donne. Il n’est pas très difficile pour un homme de voir en lui ce lieu où règne la force qui prend, mais il lui est presque impossible de contempler la force qui donne sans se transformer en autre chose qu’un homme. Pour une femme, la situation est exactement l’inverse. »

« Ces choses qui sont en nous sont si anciennes, dit Paul, qu’elles sont réparties dans chaque cellule de notre corps. Ce sont elles qui nous façonnent. Il est toujours possible de se dire : Oui, je vois ce que peut être cette chose. Mais lorsque l’on regarde en soi-même et que l’on se trouve confronté à la force brute de sa propre vie, on comprend le péril. On comprend que cela peut vous submerger. Pour le Donneur, le plus grand péril est la force qui prend. Pour le Preneur, c’est la force qui donne. Il est aussi facile d’être emporté par l’une que par l’autre. »
« Et toi, mon fils, dit Jessica, es-tu celui qui donne ou celui qui prend? »
« Je suis le pivot. Je ne peux donner sans prendre et je ne peux prendre sans… » Il se tut et regarda le mur, à sa droite.
Chani sentit un courant d’air sur sa joue et se retourna pour voir se refermer les tentures.
« C’était Otheym, dit Paul. Il écoutait. »
Chani accepta ces paroles et un peu de prescience qui emplissait Paul passa en elle. Elle eut la connaissance de ce qui allait être comme si c’était un évènement du passé.

Et puis, ce ne fut plus que du sable, ce ne fut plus que l’impasse balayée de vent où attendait l’Avenir. La vie aride qu’il devinait tout autour de lui était une accusation. C’est toi qui as fait cela! C’est toi qui as créé cette civilisation de guetteurs au regard sec, de conteurs qui ne savent résoudre les problèmes que par la puissance… toujours plus de puissance… et en détestent chaque parcelle.

Voici les illusions d’histoire populaire qu’une religion prospère doit promouvoir : les hommes mauvais jamais ne réussissent; seuls les braves méritent le bien; l’honnêteté est la meilleure des conduites; les actes vont plus loin que les mots; la vertu triomphe toujours; un bienfait est sa propre récompense; tout être humain mauvais peut être ramené vers le bien; les talismans religieux protègent de la possession par le démon; seules les femelles entendent les mystères anciens; les riches sont voués au malheur…
- Extrait du Manuel d’instruction de la Missionaria Protectiva.

Adage bene gesserit : « Soupçonner sa propre mortalité, c’est connaître le commencement de la terreur. Apprendre irréfutablement que l’on est mortel, c’est connaître le terme de la terreur. »

On ne peut avoir une seule chose sans son contraire.

Il était emporté désormais par les désirs de tous ceux dont les destinées accompagnaient la sienne.

Je ne suis plus humain. La légende de cette nuit ne fera que croître et embellir jusqu’à ce qu’elle ne soit plus reconnaissable par ses acteurs mêmes. Mais elle deviendra la vérité, cette légende.

Ils tendent à oublier que, dans un univers polarisé, rien ne saurait exister sans son contraire.

La liberté, c’est la solitude.

Duncan : « Ces Fremen! Ils sont magnifiquement vivants. Je n’ai jamais rencontré un Fremen cupide. »

L’enfant qui refuse de voyager dans le harnais du père est le symbole de la suprême capacité de l’homme. « Je n’ai pas à être ce qu’a été mon père. Je n’ai pas à obéir aux règles de mon père ni même à croire à tout ce en quoi il croyait. En tant qu’humain, ma force est de pouvoir faire mes propres choix quant à ce que je crois et ce que je ne crois pas, quant à ce que je dois être et ce que je dois ne pas être. »

Il n’a jamais existé de rebelle vraiment désintéressé. Ils sont tous hypocrites.

Brave Moneo, se dit Leto. Tellement attentionné. Il me connaît si bien. Mais je désespère qu’il me comprenne jamais.

Duncan : L’armée préservant les cultes de la jeunesse et de l’adolescence? Il y avait quelque chose de vrai là-dedans.

Leto II : « La police est invariablement corrompue. […] La police observe toujours que les criminels prospèrent. Il faut qu’un policier soit véritablement borné pour ne pas constater qu’une position d’autorité est la plus prospère des positions criminelles que l’on puisse attendre. […] Les prisons ne sont bonnes qu’à entretenir l’illusion que la police et les juges servent à quelque chose. Une assurance professionnelle, pour ainsi dire.

Leto II : « Seuls les imbéciles préfèrent le passé! »

La règle de base est de ne jamais soutenir ce qui est faible mais ce qui est fort.
- Code Bene Gesserit.

Les gens veulent toujours quelque chose de plus qu’une joie immédiate ou que ce sentiment plus profond qu’on appelle le bonheur. C’est là un des secrets qui nous aident à façonner l’accomplissement de nos visées. Ce «petit quelque chose» exerce un pouvoir décuplé sur ceux qui ne savent lui attribuer un nom ou (comme c’est le plus souvent le cas) ne soupçonnent même pas son existence. La plupart des gens ne réagissent qu’inconsciemment à de telles forces cachées. De sorte que nous n’avons plus qu’à concevoir un «petit quelque chose» bien étudié et à lui donner une forme et une définition acceptables pour qu’on nous suive comme un seul homme.
- Les secrets du pouvoir au Bene Gesserit.

 
BENE GESSERIT

« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. »

Proverbe bene gesserit : « Lorsque la religion et la politique voyagent dans le même chariot, les voyageurs pensent que rien ne peut les arrêter. Ils vont de plus en plus vite. Ils oublient alors qu’un précipice se révèle toujours trop tard. »

Axiome bene gesserit : « Tous ceux qui se trouvent au-dessous de toi convoitent ta situation. »

Axiome bene gesserit : « Les prophètes ont l’habitude de périr par la violence. »

Axiome bene gesserit : « Les arrogants ne font rien d’autre que d’édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. »

Précepte bene gesserit : « Le but d’un conflit est de changer la nature de la vérité. »

C’est une situation commune dans notre univers que celle d’un peuple important maintenu sous la coupe d’une force réduite mais puissante. Et nous connaissons les conditions majeures qui conduisent le peuple à se tourner contre ses maîtres :
La première : lorsque ce peuple se trouve un chef. C’est la menace la plus fréquente contre le pouvoir et celui-ci se doit de contrôler les chefs.
La deuxième : lorsque le peuple prend conscience de l’existence de ses chaînes. Il faut que le peuple demeure aveugle et muet.
La troisième : lorsque le peuple discerne un espoir de pouvoir échapper à ses entraves. Il faut qu’il ne puisse même l’imaginer!

Les gouvernements, lorsqu’ils durent, tendent toujours vers des formes aristocratiques. Aucun gouvernement de l’histoire n’a échappé à ce processus. Et, au fur et à mesure du développement de l’aristocratie, le gouvernement a de plus en plus tendance à n’agir exclusivement que dans l’intérêt de la classe dirigeante, que celle-ci soit une royauté héréditaire, une oligarchie fondée sur des empires financiers ou une bureaucratie installée.
- De la politique considérée comme un phénomène répétitif : Manuel d’entraînement Bene Gesserit.

À la Manière Bene Gesserit, il ouvrit son esprit au lieu, ne cherchant pas à en connaître quoi que ce fût. Connaître était une barrière qui interdisait d’apprendre. Durant quelques instants, il ne s’autorisa qu’à résonner, ne posant aucune question, n’exigeant rien.

Credo des Sœurs : « La religion est l’émulation de l’adulte par l’enfant. La religion est l’enkystement des croyances passées : la mythologie, qui est conjecture; tous les postulats secrets de confiance dans l’univers; les déclarations faites par des hommes en quête de pouvoir personnel; tout cela mêlé à quelques lambeaux de clarté. Et, toujours, ce commandement suprême et tacite : “Tu ne questionneras point!” Mais nous questionnons. Nous transgressons naturellement cette règle. »

La loi choisit toujours son camp en fonction des modalités exécutives. La moralité et les finasseries juridiques ont peu de choses à voir avec elle dès lors que la seule véritable question qui se pose est : « Qui tient le manche du fouet? »
- Débat du Conseil du Bene Gesserit, No d’Archives XOX 232

La bureaucratie est la mort de l’initiative. Il n’est rien que les bureaucrates haïssent plus que l’innovation, en particulier celle qui produit de meilleurs résultats que les vieilles routines traditionnelles. Les améliorations font toujours paraître ineptes ceux qui se trouvent au sommet de la pyramide. Et qui prend plaisir à avoir l’air inepte?
- Guide des Essais et Erreurs dans l’Art de Gouverner, Archives du Bene Gesserit.

C’est un habitant des terres sèches à qui on demande un jour : « Qu’est-ce qui est le plus précieux pour toi, un jolitre d’eau ou une mare entière? » Et l’autre réfléchit un long moment avant de répondre : « Le jolitre, pour sûr. Nul ne pourrait posséder une mare tout entière. Mais le jolitre, on peut facilement le cacher sous sa cape et se sauver avec. Personne ne s’en apercevrait. »
- Bons mots de l’ancienne Dune, Archives du Bene Gesserit.

«Pour être capable d’insuffler un véritable amour, vous devez l’éprouver vous-même, mais uniquement de manière transitoire. Et une seule fois suffit!»

La pression d’un pair était une chose que peu de gens comprenaient en dehors de ceux qui étaient formés par le Bene Gesserit.

C’était la survie de l’Ordre qui devait les motiver toutes avant tout le reste.

Tous les gouvernements sont affligés d’un grave problème chronique : Le pouvoir exerce une grande attraction sur les natures pathologiques. Ce n’est pas tant que le pouvoir corrompt, mais il fascine les sujets corruptibles. Ces gens ont tendance à s’enivrer de violence, ce qui crée rapidement les conditions d’une accoutumance fâcheuse.
- Missionaria Protectiva, Texte QIV (dicto).

Rabbi : « Elles postulent que les évènements ne sont pas au-delà de leur influence, mais seulement au-delà de leurs sens. »

Il était frustrant pour Scytale d’essayer de réunir toutes les bribes d’informations qu’il possédait sur le Bene Gesserit. Par exemple, elles prétendaient se passer totalement d’infrastructure bureaucratique et de système de conservation des dossiers. À part les Archives de Bellonda, naturellement. Mais chaque fois qu’il abordait cette question, Odrade s’écriait : « Le ciel nous en préserve! » ou quelque chose d’approchant.
– Je ne comprends vraiment pas, dit-il, comment vous faites pour vous passer de dossiers officiels et de fonctionnaires pour les tenir à jour.
Il paraissait profondément perplexe.
– S’il faut faire quelque chose, nous le faisons. Donner une sépulture à l’une de nos Sœurs? (Elle désigna l’endroit où les pelles étaient déjà entrées en action, tassant la terre au-dessus de la tombe.) Voilà comment nous procédons. Il y a toujours quelqu’un pour s’occuper de ces choses. Chacun sait ce qu’il y a à faire.
– Mais qui… qui prend en charge les corvées rebutantes que…
– Il n’y a pas de tâches rebutantes! Cela fait partie de notre éducation. Ce sont des Sœurs déchues qui supervisent généralement ces travaux, et des acolytes qui les accomplissent.
– Mais ne… disent-elles rien? Ne trouvent-elles pas cela dégradant? Des Sœurs déchues, dites-vous… et des acolytes… Cela ressemble plus à un châtiment qu’à…
– Châtiment! Allons donc, Scytale. Vous n’avez que ce mot à la bouche. (Elle agita de nouveau la main en direction de la tombe.) Une fois son apprentissage fini, chacune d’entre nous accepte volontiers les responsabilités qui lui sont proposées.
– Tout cela sans… hiérarchie bureaucratique?
– Nous ne sommes pas stupides!
De nouveau, il demeura sans comprendre, mais elle enchaîna :
– Vous n’êtes pas sans savoir qu’inévitablement les bureaucraties se transforment en aristocraties voraces dès qu’elles ont atteint une position de pouvoir?
Il ne voyait pas très bien le rapport. Où voulait-elle donc en venir?
Voyant qu’il demeurait silencieux, Odrade poursuivit :
- Les Honorées Matriarches affichent toutes les marques de la bureaucratie. Ministre de ceci, Très Haute Conseillère de cela. Une poignée de dirigeantes puissantes au sommet, une armée de fonctionnaires à la base. Elles sont déjà envahies d’appétits adolescents. Tels des prédateurs voraces, elles ne se préoccupent jamais des problèmes créés par l’extermination de leurs proies. C’est une corrélation étroite, cependant : Réduisez le troupeau qui vous nourrit et toutes vos structures s’écrouleront bientôt autour de vous.
Scytale avait du mal à croire que les sorcières voyaient réellement ainsi les Honorées Matriarches, et le disaient ouvertement.
– Si vous vivez assez longtemps, Scytale, vous verrez un jour mes paroles devenir réalité, continua Odrade. Vous entendrez les hurlements de rage de ces femmes imprévoyantes devant la nécessité de se restreindre.

«La leçon la plus dure à apprendre pour un acolyte, c’est qu’elle doit toujours se dépasser. Vos capacités peuvent vous conduire bien plus loin que vous ne l’imaginez. Inutile d’imaginer, par conséquent. Franchissez la limite!»

Franchise et honnêteté. « Les outils de base de l’apprentissage. »

« Cherchez les conséquences. C’est ainsi que l’on repère les choses qui fonctionnent. »

« Les Honorées Matriarches vous ont rendue pratiquement incapable de prendre une décision. C’est typique des sociétés assoiffées de pouvoir. Elles vous apprennent à tergiverser éternellement. »

« Je suis une Bene Gesserit. Je n’existe que pour servir mon Ordre. »

« Je me trouve devant la présence sacrée humaine. Un jour, vous serez à ma place et vous ferez ce que je fais. Je prie votre présence pour qu’il en soit ainsi. Que l’avenir demeure incertain car il est le canevas propre à recevoir nos désirs. Ainsi la condition humaine fait-elle face à sa perpétuelle tabula rasa. Nous ne possédons rien de plus que cet instant où nous nous dédions en permanence à la présence sacrée que nous partageons et créons. »

Les lois prohibitives ont tendance à renforcer ce qu’elles voudraient interdire. C’est le point sensible dont toutes les professions juridiques de l’histoire se sont servies pour assurer la stabilité de leur fonction.
- Coda Bene Gesserit.

Il n’existait qu’un seul danger suprême : une action dirigée contre la survie du Bene Gesserit.

Il n’y a pas de réalité. Il n’y a que l’ordre que nous imposons à toute chose. C’était un aphorisme de base du Bene Gesserit.

On dit toujours que la Mère Supérieure ne peut se désintéresser de rien. Aphorisme sans grande signification si l’on néglige de considérer sa seconde facette. Je suis au service de toutes mes Sœurs. Elles observent leur servante en permanence d’un regard critique. Bien que n’ayant guère de temps à consacrer aux détails ou aux généralités, la Mère Supérieure se doit d’afficher en toute occasion un comportement inspiré, sous peine de voir son Ordre pénétré dans ses moindres recoins par un profond sentiment de malaise.
- Darwi Odrade.

C’était un schéma que le Bene Gesserit avait depuis longtemps répertorié : l’échec inéluctable de toute forme d’esclavage et d’asservissement. Cela créait un réservoir de haine. Des ennemis implacables. Si l’on n’espérait pas exterminer ces ennemis, on n’osait même pas essayer. Tout effort était tempéré par la certitude que l’oppression n’avait pour effet que de fortifier l’ennemi. Les opprimés étaient certains d’avoir leur heure, et que le ciel vienne en aide aux oppresseurs lorsque l’heure viendrait. Une arme à double tranchant. De tout temps, les opprimés avaient appris en regardant faire leurs oppresseurs. Ils les prenaient pour modèle. Et quand les tables étaient retournées, un nouveau décor était mis en place pour une série de violences et de vengeances. Les rôles étaient inversés. Puis renversés et renversés encore jusqu’à écœurement.

Regarde tes terreurs en face ou elles grimperont dans ton dos.

La ventilation apportait une faible odeur de fumée provenant des feux où étaient brûlées les branches coupées. Toujours très attentifs à ce genre de détail, les jardiniers du Bene Gesserit. Jamais ils ne laissaient traîner du bois mort susceptible d’attirer des parasites qui se seraient ensuite attaqués aux arbres vivants. Leurs vergers étaient propres et nets. Ils savaient planifier. Préserver leur habitat. Le moment présent fait partie de l’éternité.

Pour bien connaître une chose, connaissez ses limites. Ce n’est que lorsque vous aurez dépassé ses normes de tolérance que sa véritable nature vous sera dévoilée. Et n’oubliez pas le Principe d’Amtal : « Ne vous reposez pas entièrement sur la théorie lorsque votre vie est en jeu. »
- Commentaire Bene Gesserit.

Le Bene Gesserit fonctionne selon le principe de la défiance organisée. C’est lorsqu’on se défie de tous ceux qui sont situés plus haut sur l’échelle du pouvoir. Ne jamais être trop confiant.

Elle jeta un regard de biais sur l’acolyte pensive. Depuis fort longtemps, le Bene Gesserit avait établi comme règle que chaque Sœur devait arriver toute seule à ses décisions morales. Ne jamais emboîter le pas à un supérieur sans s’être préalablement posé des questions. C’était la raison pour laquelle le conditionnement moral des jeunes recrues occupait une position si prioritaire à leurs yeux.

Ne vous engagez pas dans un conflit avec des fanatiques si vous n’êtes pas capable de les désamorcer. À une religion, n’opposez une autre religion que si vos preuves (vos miracles) sont irréfutables ou si vous êtes en mesure de combiner un moyen pour que les fanatiques reconnaissent en vous l’inspiration divine. Depuis longtemps, c’est le principal obstacle à ce que la science endosse le manteau de la révélation divine. La science est trop visiblement un produit de l’homme. Les fanatiques (et beaucoup le sont sur un sujet ou un autre) doivent savoir exactement sur quel pied vous dansez, mais il est plus important encore qu’ils puissent reconnaître la voix qui murmure à vos oreilles.
- Missionaria Protectiva, Formation Primaire.

Elle se souvint de ses premiers contacts avec les attraits du Bene Gesserit. Toutes les choses du corps exécutées avec la plus exquise précision. Tous les sens aiguisés à déceler le plus petit détail, les muscles exercés à obéir avec une merveilleuse exactitude.

Si vous haïssez la chose, faites-la encore mieux. Servez-vous de votre aversion comme guide; ajustez votre tir exactement selon vos besoins.

Évitez l’excès en toute chose. Corrigez à l’excès et vous vous retrouvez avec un beau problème sur les bras : la nécessité d’ajouter des corrections de plus en plus importantes. Le balancier. Les fanatiques sont de merveilleux créateurs de mouvements oscillatoires.
Notre Graal est linéaire parce que chaque Révérende Mère porte en elle la même détermination. Ensemble, nous perpétuerons cela.


– Nous descendons de gens qui ont commis des atrocités. Nous n’aimons pas admettre qu’il y avait des barbares parmi nos ancêtres. Une Révérende Mère est obligée de l’admettre. Nous n’avons pas le choix. […] Les vainqueurs se sont reproduits. Nous sommes leurs descendants. Leurs victoires, souvent, leur coûtèrent moralement très cher. Barbarie est un mot trop faible pour décrire certaines choses que firent nos ancêtres.

Recherchez la liberté et devenez esclave de vos désirs. Recherchez la discipline et trouvez votre liberté.
- Coda B. G.

Malgré les ressources du Bene Gesserit, le confort était souvent la dernière préoccupation des Révérendes Mères. La tâche à accomplir, c’était cela qui importait avant tout. Si la Mère Supérieure devait passer la nuit sur une surface dure sans la moindre couverture, c’était à mettre sur le compte de sa mission.

C’était une très ancienne approche Bene Gesserit. On cherchait en premier lieu ceux qui avaient le pouvoir de dire « oui ». Ne jamais s’occuper des subalternes qui ne savent dire que « non ». On s’adressait à la personne qui était en mesure de signer un accord, parapher un contrat, payer à l’échéance.

Même la Mère Supérieure peut être utilisée comme appât, comme leurre destiné à obtenir des informations vitales.

– La vengeance est pour les enfants et les retardés mentaux.

La guerre doit être menée de telle sorte qu’elle dégage le meilleur de ceux qui survivent.

Ne soyez pas trop promptes à révéler vos jugements. Des conclusions cachées sont parfois bien plus efficaces. Elles peuvent inspirer des actions dont les effets ne seront ressentis que trop tard pour être détournés.
- Conseils Bene Gesserit aux Postulantes.

 
AUTRES

J’entends le vent souffler sur le désert et je vois les lunes de la nuit d’hiver cingler dans le vide comme de grands vaisseaux. À elles, je fais serment : je serai déterminé et je ferai un art du gouvernement; j’équilibrerai l’héritage du passé et je serai le magasin idéal des souvenirs préservés. Je serai connu pour ma bonté plutôt que pour mon savoir. Mon visage illuminera les couloirs du temps aussi longtemps qu’existeront les humains.

L’arme atomique fût gardée en réserve à une seule fin : défendre l’humanité contre la menace d’une éventuelle « intelligence étrangère », que nul n’avait rencontrée jusque-là.

Puissiez-vous mourir sur Caladan!
- Toast des temps passés.



 
méditation Dune.png
bottom of page